Le 1er avril 2022, le ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation a édicté par arrêté le Projet pilote relatif à l’exploitation d’un abattoir de poulets à la ferme afin de pouvoir évaluer, sur une période maximale de 5 ans (2022-2026), les pratiques d’abattage de poulets à la ferme par une personne qui en fait l’élevage (ci-après nommé l'exploitant autorisé).
L’arrêté du ministre, publié le 13 avril 2022 dans la Gazette officielle du Québec, précise qu’il a été jugé opportun d’autoriser la mise en œuvre de ce projet pilote afin de favoriser, entre autres, le développement durable, les circuits de proximité, ainsi que le développement local et régional.
Principaux éléments de l’arrêté ministériel
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Tout exploitant qui souhaite participer au Projet pilote relatif à l’exploitation d’un abattoir de poulets à la ferme doit d'abord soumettre sa candidature au Ministère puis respecter toutes les conditions d'admissibilité prévues par l'arrêté du ministre.
Savoir réaliser à la ferme toutes les étapes de la production d’un aliment carné – de la reproduction, à l’élevage, à l’abattage, à la transformation, à la mise en marché – favorise le développement durable, les circuits de proximité, ainsi que le développement de l’offre alimentaire régionale et la pérennisation des savoir-faire associés à l’agriculture animale.
D’un point de vue environnemental, l’agriculture à petite échelle, lorsqu’elle est pratiquée de manière agroécologique, est généralement responsable de peu d’externalités négatives. De plus, puisqu’elle vise habituellement l’autonomie d’intrants, elle offre un bon degré de résilience alimentaire aux communautés dans lesquelles elle est pratiquée. Voir à ce sujet La révolution agroécologique: nourrir tous les humains sans détruire la planète d'Alain Olivier, professeur à la faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation de l’Université Laval.
Une ferme polyproductrice écoresponsable, qui est en mesure de maintenir, de manière autonome, une offre alimentaire variée est un atout considérable pour la communauté dans laquelle elle est enracinée.
Le succès du projet pilote dépendra de la mise en place de pratiques d’abattage salubres, éthiques et écologiques. L’innocuité d’un produit est assurée par la salubrité de sa préparation en respect de l’hygiène de la matière première, des installations, des équipements, et des opérations.
Les installations d’abattage comprennent cinq aires distinctes. Elles doivent « permettre un cheminement continu des poulets, avant et pendant l’abattage, et des carcasses, après l’abattage, sans retour en arrière, sans chevauchement et sans croisement des poulets vivants, des carcasses et des viandes non comestibles » (article 7 de l'arrêté ministériel)
Ci-dessous, un exemple de plans d'aménagement d'un abattoir qui permettront à une personne seule de faire l’abattage salubre de 24 oiseaux par jour (un premier lot de 12 poulets le matin et un second l’après-midi) et de vendre au détail des poulets entiers et leurs abats sur le site de sa ferme ou au marché public.
A1 aire de jeûne et de contention
Au maximum 24 heures et au minimum 16 heures avant l’abattage, les oiseaux qui seront abattus sont transférés dans un enclos sur litière non-comestible (cailloux, paille, copeaux de bois) pour le jeûne. Cet enclos doit pouvoir protéger les oiseaux du soleil et de la pluie et disposer d’un abreuvoir automatique (1). Un capteur de volaille (2) permet l’attrapage sécuritaire et efficace des poulets dans l’enclos. Cette aire, sans être complètement fermée, peut être couverte d’un abri-soleil 10pi x 10pi ou être située sous le débord de toit d'une structure fermée.
(les nombres en caractères gras et entre paranthèses correspondent aux nombres indiqués sur les plans d'aménagement)A2 aire de mise à mort
Aire ouverte permettant la contention, l’insensibilisation, la mise à mort et la saignée des oiseaux. Le sol est recouvert de pierres concassée (¾ po). Cette aire, sans être complètement fermée, peut être couverte d’un abri-soleil 10pi x 10pi ou être située sous le débord de toit d'une structure fermée. (les nombres en caractères gras et entre paranthèses correspondent aux nombres indiqués sur les plans d'aménagement)
Elle comprend :
- 4 cônes d’abattage, installés sur une potence; (1);
- Un étourdisseur à percuteur captif (2) permettant l’insensibilisation des oiseaux avant leur mise à mort;
- Un couteau à lame courbée (3) pour trancher la gorge de l’oiseau mort et effectuer sa saignée;
- Une chaudière de plastique de 20 litres placée sous chaque cônes d’abattage pour récupérer le sang (4);
- Un pistolet d’arrosage raccordé à un boyau d’eau potable pour le rinçage des mains, du couteau à lame courbée et de la volaille après l’abattage (5).
- A3 aire de plumaison
Aire ouverte permettant la plumaison des oiseaux. Le sol est recouvert de pierres concassée (¾ po). Cette aire, sans être complètement fermée, peut être couverte d’un abri-soleil 10pi x 10pi ou être située sous le débord de toit d'une structure fermée. (les nombres en caractères gras et entre paranthèses correspondent aux nombres indiqués sur les plans d'aménagement)
Elle comprend :
- Un pistolet d’arrosage raccordé à un boyau d’eau potable pour le rinçage des poulets pendant et après la plumaison (1);
- Une chaudière de plastique de 20 litres pour récupérer les plumes (2) ;
- Une échaudeuse (3);
- Une ébouillanteuse (4);
- Une plumeuse rotative automatique (5);
- Une minuterie ou un sablier (2 minutes) permettant de mesurer la durée de l’échaudage;
- Une petite table pliante pour y déposer la minuterie et, s’il y a lieu, les couvercles de l’échaudeuse et de l’ébouillanteuse ou autres outils.
- A4 aire d’habillage
Sructure fermée dans laquelle l’éviscération en suspension des poulets déplumés a lieu. (les nombres en caractères gras et entre paranthèses correspondent aux nombres indiqués sur les plans d'aménagement)
Elle comprend :
- Une cuve à lessive sur pattes au-dessus de laquelle il est possible d'installer suffisament de crochets de suspension pour suspendre les carcasses déplumées en attente de traitement (1). C'est la cuve d'attente;
- Une cuve à lessive sur pattes au-dessus de laquelle il est possible d'installer un crochet de suspension permettant l’éviscération en suspension d’une carcasse. C'est la cuve de travail. Au fond de la cuve, il y a un petit récpient où entreposer le gésier du poulet avant son parage. Le poulet ne doit jamais être déposé au fond de cette cuve (2);
- Un couteau d’éviscération (3);
- Un coupe-griffe pour retirer les griffes des pattes (4);
- Une douchette suspendue entre les deux cuves permettant le rinçage des poulets (5);
- Un bac de récupération des viandes non-comestibles (viscères, têtes, griffes, peau, gras, etc.). Posé par terre entre les deux cuves, il peut s’agir par exemple d’une poubelle en plastique (6);
- Une cuve à lessive sur pattes pour effectuer le refroidissement des carcasses (7);
- Un thermomètre à thermocouple pour mesurer la température de l’eau de refroidissement qui ne doit jamais excéder 10°C (8);
- Une station de lavage des mains (9) comprenant :
- Une alimentation en eau courante potable froide;
- Un chauffe-eau électrique à accumulation pouvant être réglé à une température minimale de 60°C/140°F (10);
- Un robinet de lessive avec bec pivotant fileté;
- Une cuve à lessive sur pattes;
- Une distributrice à savon liquide;
- Du papier essuie-main ou une pile de serviettes à mains lavables (14);
- Une poubelle (18);
- Une table pliante (11) sur laquelle seront déposés :
- Une petite glacière pour l’entreposage des abattis (cœur, foie, gésier, pattes). Elle doit pouvoir permettre de séparer les unes des autres les viandes conservées, à l’exception des cœurs et des foies qui peuvent être placés ensemble. Par exemple, il faudra prévoir un contenant pour les pattes déchaussées, un second pour les cœurs et les foies et un troisième pour les gésiers parés (12);
- Une bouilloire électrique (13) qui permet l’assainissement des couteaux, du coupe-griffe, du contenant à gésiers et des cuves à lessive sur pattes entre chaque éviscération;
- Une réserve de gants en nitrile, filets à cheveux et filets à barbe dans un contenant en plastique hermétique (14);
- Le papier essuie-main ou la pile de serviettes à mains pour la station de lavage des mains. Elles sont entreposées dans un contenant en plastique hermétique (14);
- Un système de récupération des eaux usées (15);
- Un pistolet d’arrosage raccordé à un boyau d’eau potable pour le rinçage des installations avant ou après l’abattage (16) ;
- Une grande glacière (sur roues) permettant l’entreposage de glace ou de glaçons réutilisables puis le transport des carcasses vers l’aire secondaire A5 (17).
- A5 aire secondaire
Aire d’entreposage (réfrigération et congélation), d’emballage et, si l'exploitant détient les permis nécessaires, de transformation. Il peut, par exemple, s'agir de la cuisine principale ou secondaire de la résidence de l’éleveur. Dans tous les cas, ces lieux doivent respecter les dispositions règlementaires en matière d’hygiène et de salubrité alimentaire telles que décrites aux articles 2.1.2 à 2.1.5 du Chapitre 2 du Règlement sur les aliments.
En outre, cette aire devra disposer :
- D'une installation frigorifique d'une température d'au plus 4°C servant exclusivement à l’entreposage des carcasses et des abattis.
- Du matériel d’emballage, comprenant une étiquette sur laquelle se retrouveront les informations suivantes :
- la date d'abattage et la date d'emballage;
- le nom de l'exploitant autorisé ainsi que ses coordonnées;
- le poids du produit, exprimé en poids net;
- la mention suivante : « AVIS : le produit provient de poulets abattus sans inspection permanente du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation ».
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Ce guide recommande qu’une personne seule à la tâche abatte un premier lot de 12 poulets, prenne une pause, puis abatte un second lot de 12 poulets. À titre d'exemple, 12 poulets peuvent être abattus entre 10h et 12h puis 12 autres entre 13h et 15h. Avant la pause, le premier lot (poulets et abattis) est entreposé au réfrigérateur.
Avant l’abattage
Pendant l’abattage
Séquence d’abattage
Après l’abattage
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Anatomie du poulet: squelette et organes internes.
Avant d'amorcer l'habillage des poulets en attente:
- Revêtir un tablier lavable, des gants de nitriles jetables, une résille à cheveux et un filet à barbe s’il y a lieu d’en porter;
- Déversez au moins 10kg de glace ou de glaçons réutilisables dans la cuve à lessive sur pattes utilisée pour effectuer le refroidissement des carcasses et la remplir d’eau froide potable jusqu’aux trois-quarts de sa hauteur environ;
- Déversez environ 2kg de glace ou de glaçons réutilisables autour des contenants qui se trouvent dans la petite glacière de récupération des abattis;
- Remplissez et mettez en marche la bouilloire électrique;
- Installez le petit bac à gésier au fond de la cuve à lessive sur pattes située sous le crochet de suspension servant à l’éviscération des carcasses;
- Assurez-vous de disposer de votre coupe-griffe et de votre couteau d’éviscération;
- Si une contamination fécale de la carcasse survient pendant l’habillage, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur de la carcasse:
- si la contamination est légère et localisée : un rinçage minutieux de la/des région(s) affectée(s) doit être réalisé rapidement;
- si la contamination est importante et diffuse (ou extensive) : la carcasse doit être mise de côté et un parage rigoureux doit être réalisé;
- Suspendez un oiseau au-dessus de la cuve de travail
Déplacez un oiseau de la cuve d'attente au-dessus de la cuve de travail;
- Enlever les pattes et couper les griffes
ill. 1
ill. 2
ill. 3
- Faites pivoter le crochet de 90° de sorte à pouvoir saisir d’une main une des deux pattes du poulet et, de l’autre, la sectionner au niveau de l’articulation tarsienne (ill.1 et 2) à l'aide de votre couteau d’éviscération. Répétez l’opération sur l’autre patte. Rincer la carcasse et les pattes;
- Une fois les deux pattes sectionnées, utilisez le coupe-griffe pour couper les griffes de l’oiseau (ill.3). Ceci vous permettra d’ensacher les pattes sans qu’elles ne risquent de déchirer le sac. Déposer les pattes dans le contenant prévu à cet effet dans la petite glacière prévue pour l’entreposage des abattis.
- Retirer la glande uropygienne
ill. 1
ill. 2
ill. 3
- Faite pivoter l'oiseau pour qu’il vous fasse dos puis, d’une main, pincez la papille de la glande uropygienne entre le bout du pouce et de l’index (ou à l’aide d’une petite paire de pinces) (ill.1) et, de l’autre, faites une coupe profonde avec le couteau en rasant l’os du croupion (le pygostyle) jusqu’à sa base (ill.2);
- Libérez ensuite complètement le morceau de chair en ramenant la lame vers le dos du poulet (ill.3). Assurez-vous que les deux lobes jaunâtres enfouis dans la chaire du croupion sont complètement retirés de celui-ci. Au besoin, grattez ce qui aurait échappé à votre coupe initiale et bien rincer. Jeter la chair coupée dans le bac de récupération des viandes non-comestibles.
- Sectionner la tête
ill. 1
ill. 2
Pour trancher la tête sans mordre d’os et émousser votre couteau, tournez la volaille vers vous et cassez son cou en faisant pivoter la tête loin vers l’arrière (ill.1). En rompant ainsi la jonction entre la base du crâne (l’occipital) et la première vertèbre cervicale (l’atlas), il vous sera aisé d’y faire ensuite passer la lame de votre couteau (ill.2). Maintenez la tête bien pliée vers l’arrière pendant la manœuvre. Jeter la tête dans le bac de récupération des viandes non-comestibles.
- Dégager la trachée, l’œsophage et le jabot
ill. 1
ill. 2
ill. 3
ill. 4
- Tirez la peau à la base du cou et coupez-la (ill.1). Passez votre doigt à travers l’ouverture ainsi pratiquée et déchirez la peau jusqu’en bas (ill.2 et 3).
- En fouillant un peu autour du cou, repérez et puis dégagez l’œsophage et la trachée (ill.4). La trachée (par laquelle l’oiseau respire) est le plus coriace des deux tubes, elle est nervurée et presque rigide. L’œsophage (par lequel l’oiseau ingère sa nourriture) est souple et lisse. Suivez-le jusqu’à la base du cou où vous trouverez le jabot qui se présente sous la forme d’un renflement de l’œsophage. Le jabot n’est pas facile à dénicher, surtout lorsqu’il est vide, ce qui sera le cas si vous avez bien fait jeûner votre volaille. Collé sur la poitrine, c’est un petit sac aplati de la taille d’une prune. Décollez-le complètement de la poitrine, sans craindre de le déchirer, l’appareil est solide. Une fois la trachée, l’œsophage et son jabot bien détachés, l’ouverture thoracique par laquelle ces trois organes devront éventuellement cheminer, vers l’intérieur du poulet, devrait être bien visible à la base du cou.
- Détacher et faire pendre le cloaque
ill. 1
ill. 2
ill. 3
ill. 4
ill. 5
ill. 6
- Le poulet dos à vous maintenant, pincez le cloaque entre le pouce et l’index et relevez-le de façon à bien exposer la chair entre le cloaque et le croupion (ill.1);
- Pratiquez des incisions peu profondes et répétées à la base du croupion jusqu’au ce que vous découvriez la bourse de Fabricius (ill.2);
- Élargissez horizontalement l’ouverture ainsi pratiquée de manière à pouvoir faire pénétrer votre index sous la bourse puis derrière l’intestin (ill.3);
- L’intestin toujours en main, découpez délicatement le pourtour du cloaque de manière à pouvoir le séparer de la carcasse (ill.4);
- Tirez délicatement sur le cloaque et extrayez de la cavité pelvienne une section d’intestin suffisamment longue pour que le cloaque puisse pendre sur le côté (ill.5 et 6).
- Ouvrir la cavité pelvienne (cavité abdominale)
Faites pénétrer la lame par l’ouverture cloaquale et faites-la ressortir vis-à-vis de la pointe du bréchet (sternum). Tranchez ensuite vers le haut pour ouvrir complètement la cavité pelvienne.
- Retirer les viscères
ill. 1
ill. 2
Il est possible de procéder à cette étape de deux façons : en laissant l’oiseau suspendu sur le crochet ou en l'en décrochant (ill.1). Lorsque l’oiseau est petit ou que vos mains sont de bonne taille, l’éviscération en suspension est plus ardue puisque les cuisses de l’animal sont maintenues en place par le crochet et la cavité pelvienne est plus étroite. En prenant l’oiseau dans vos mains, poitrine en l’air, la cavité pelvienne laisse pénétrer la main beaucoup plus facilement. Il faudra tout simplement raccrocher le poulet une fois les viscères extraits. Il ne faut jamais le déposer au fond du lavabo.
Tirez d’abord sur le gésier pour dégager assez d’espace intérieur pour pouvoir faire pénétrer votre main au complet dans la cavité pelvienne. Formez ensuite une coupelle avec votre main et introduisez-la jusqu’au fond du thorax, dépassant le cœur. En tentant de ne pas trop refermer votre main, ce qui pourrait broyer le foie du poulet, pincez fermement entre votre pouce et votre index l’œsophage et la trachée que vous devriez sentir là (ill.2)
Retirez alors les viscères de la cavité et suspendez-les au-dessus du bac de récupération des viandes non-comestibles.
- Prélever le foie, le cœur et le gésier
ill. 1
ill. 2
- Fermez une main autour du gésier. À l’aide de votre autre main, saisissez le foie et le cœur. À l’aide du pouce et de l’index de la main qui tient le gésier, pincez la vésicule biliaire là où elle est attachée au foie (ill.1). Tirez doucement sur le foie et le cœur pour les détacher de la vésicule (ill.2).
- Refermez votre main sur le cœur et le foie et utilisez votre pouce et votre index pour dégager le gésier que vous tiendrez à l’aide de votre autre main. Laissez tomber l’amat restant de viscères dans le bac de récupération des viandes non-comestibles.
- Déposez le gésier dans le petit bac prévu à cet effet, rincez le foie et le cœur abondamment, rincez vos mains, déposez le foie et le cœur dans la petite glacière à abattis.
- Enlever les poumons
Ici encore, certains trouveront peut-être plus facile de décrocher momentanément la carcasse de son crochet pour effectuer la prochaine opération. Les poumons étant en quelque sorte encastrés dans les côtes, il conviendra de les en déloger en les faisant glisser le long de celles-ci plutôt qu’en les tirant vers soi. Pour exécuter cette manœuvre, un poumon à la fois, l’index et le majeur, collés ensemble, suffiront. Lorsqu’il est bien accompli, ce mouvement vous permettra d’extraire entiers les deux organes respiratoires dont vous pourrez ensuite disposer dans le bac de récupération des viandes non-comestibles.
- Rincer puis refroidir la carcasse
L’éviscération terminée, rincer abondamment la carcasse à l’eau froide et débarrassez-la de toutes matières superflues. Profitez-en aussi pour vous assurer qu’aucune plume n’y soit encore accrochée. Plongez alors la carcasse sous la glace, au fond de la cuve servant à effectuer le refroidissement des poulets. Assurez-vous que la température de l’eau est sous la barre des 10°C. Sinon, ajoutez de la glace.
- Parer le gésier
Installé au-dessus du bac de récupération des viandes non-comestibles, tranchez le gésier jusqu’au centre (A) puis ouvrez-le comme un livre pour en exposer l’intérieur (B). Il sera rempli uniquement de gravier si l’animal a bien jeûné, lequel sera mêlé d’herbes et/ou de grains dans le cas contraire. Retournez le gésier à l’envers pour le vider puis, installé maintenant au-dessus du lavabo d’éviscération, rincer l’intérieur profusément, non seulement pour le nettoyer mais aussi pour refroidir la peau jaunâtre qui recouvre l’intérieur de l’organe (C). Bien refroidie, cette membrane sera facile à peler et à jeter (D). Déposez le gésier dans la petite glacière à abattis.
Reprendre du début (étapes 1 à 12)
Avant de procéder à l’éviscération du poulet suivant :
- Lavez-vous les mains à l’eau chaude;
- Remettre en marche la bouilloire pour que l’eau déjà chaude se remette à bouillir;
- Placez le couteau d’éviscération, le coupe-griffe et le bac à gésier vide au fond de la cuve à lessive sur pattes utilisée pour effectuer l'éviscération des poulets;
- Ébouillantez généreusement ces équipements ainsi que la douchette utilisée pendant l’éviscération;
- Remplissez et remettez en marche la bouilloire.
Lorsque l'habillage des quatre poulets en attente est terminé
Il est temps de reprendre la séquence d'abattage du début (étapes A à D) et de préparer quatre nouvelles volailles. Avant de sortir de l’aire d’habillage (A4):
- Lavez-vous les mains à l’eau chaude;
- Remettre en marche la bouilloire pour que l’eau déjà chaude se remette à bouillir;
- Placez au fond de la cuve de travail (A4):
- le couteau à lame courbée déposé plus tôt dans la cuve d'attente (A4)
- le couteau d’éviscération
- le coupe-griffe
- le bac à gésier vide
- Ébouillantez généreusement ces équipements ainsi que la douchette utilisée pendant l’éviscération;
- Remplissez et remettez en marche la bouilloire;
- Enlevez votre tablier, vos gants et votre résille.
Lorsqu'un premier lot de 12 poulets est en attente dans la cuve de refroidissement
- Transférer les poulets de la cuve de refroidissement (A4) à la glacière de transport (A4);
- Apporter la glacière de transport (A4) et la petite glacière à abattis (A4) dans l’aire secondaire (A5) et transférer les poulets et les abattis dans une unité de réfrigération;
- Faire sa remise en place (voir ci-dessous);
- Prendre une pause
- Abattre un second lot de 12 poulets
- Reprendre les étapes No2 et No3 ci-haut mentionné avant de passer à l'étape ci-dessous «Après l'abattage»
REMISE EN PLACE (entre les deux lots de 12 poulets)
- Nettoyez les glacière de transport, remettez-y de la glace ou de nouveaux glaçons réutilisables et ramenez-la à l’abattoir; faites de même pour la glacière d'entreposage des abattis.
- Remplacez l’eau de l’échaudeuse et de l’ébouillanteuse puis remettez les à chauffer;
- Videz la cuve de refroidissement et remplissez-là avec de l'eau et des glaçons;
Après l’abattage
- Valoriser les résidus de l'abattage: compostage et épandage
La meilleure façon de valoriser les résidus de l’abattage (sang, plumes, viscères, etc.) à la ferme est de les composter puis de les épandre.
- Compostage
- Permis pour le compostage
L’article 24 du Projet pilote relatif à l’exploitation d’un abattoir de poulets à la ferme indique qu’il faut « disposer des viandes non comestibles de poulets conformément aux dispositions de l’article 7.3.1 du Règlement sur les aliments (chapitre P-29, r. 1). »
Pour procéder soi-même au compostage de ses résidus d’abattage, il faut être propriétaire d’un atelier d’équarrissage exploité sous un permis de catégorie «compostage» (39$ en 2022-2023) et disposer des installations de compostage décrites à l’article 7.2.11.1 du Règlement sur les aliments (chapitre 29, r.1).
Cet article stipule qu’un simple « cylindre rotatif composteur » peut constituer une « installation » satisfaisante. Il sera toutefois important de l’installer sur une surface capable d’assurer la rétention des lixiviats issus du compostage qui pourraient s’en échapper.
- Comment composter les résidus d’abattage
On peut évaluer à 15% de la masse de poulets abattus la quantité de résidus produits. Ainsi, l’abattage quotidien suggéré de 24 poulets génèrera une dizaine de kilogrammes de matière compostable.
Pour que le compostage se déroule à une vitesse normale, il faut tenter d’établir un rapport carbone sur azote (C/N) de l’ordre de 30:1 (30 parts de carbone pour une part d’azote) dans son compost ou 20:1 pour un compostage plus rapide. Le rapport C/N des résidus d’abattage étant de l’ordre de 2:1, vous devrez ajouter des matières contenant beaucoup de carbone pour en arriver à un ratio adéquat.
Par exemple, à partir d’un rapport C/N établi à 500 :1 pour des copeaux de bois, on peut établir une recette comme celle-ci : pour chaque kilogramme de résidus d’abattage à composter (2:1), ajoutez :
- 10kg de copeaux de bois (500:1) pour obtenir un rapport C/N de 30 :1
- 7kg de copeaux de bois (500 :1) pour obtenir un rapport C/N de 22 :1.
En ce qui a trait à l’humidité de votre compost, Jacques Petit explique dans son livre «Compost : théorie et pratique» : « On doit maintenir l’humidité, au sein du tas, autour de 50 %, celle d’une éponge pressée. Pour ce faire, il faut arroser, lors du montage, les matériaux trop secs au fur et à mesure de leur mise en place et non seulement à la toute fin ».
- Épandage
Selon l’article 29.1 du Règlement sur les exploitations agricole (chapitre Q-2, r. 26), l’épandage de compost produit à la ferme à partir de résidus d’abattage est permis :
- sur une parcelle qui sera mise en jachère une année entière (vous pouvez toutefois y pratiquer, par exemple, la culture d’engrais verts pour protéger le sol et retenir le compost). La parcelle peut être utilisée l’année suivante pour la culture d’aliments prévus pour la consommation humaine;
- sur une parcelle de pâturage lorsque les animaux ont terminé d’y paître pour la saison;
- Disposer des eaux souillées
Les eaux souillées récupérées pendant le processus d’abattage sont considérées par le ministère de l’Environnement et lutte contre les changements climatiques (MELCC) comme des déjections animales et peuvent être épandues conformément à la réglementation en vigueur (voir «Épandgage» ci-dessus). Voir système de récupération des eaux usées
- Protocole de nettoyage et d'assainissement
Avant de procéder à l’abattage des poulets, puis lorsque l’abattage de ceux-ci est terminé pour la journée, le protocole suivant doit être respecté :
- Un grand chaudron d’eau potable est mis à bouillir;
- Toutes les surfaces et les équipements de travail sont rincés à grande eau;
- Ils sont ensuite bien nettoyés à l’aide d’un linge ou d’une brosse et d’une solution nettoyante (eau savonneuse, etc.);
- Ils sont finalement vaporisés à l’aide d’un assainissant telle une solution d’hypochlorite de sodium (l’ingrédient actif de l’eau de javel) à une concentration de 1000 ppm (soit, 17 ml pour un concentré de départ entre 5 à 6% ou 8 ml pour un concentré à 12% auxquels on ajoute de l’eau potable pour obtenir un volume final de 1000 ml);
- Enfin, on fait couler quelques litres d’eau bouillante dans chaque drain de l’abattoir.
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